Les champions de bras de fer sont-ils dopés ?

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Lorsqu’on observe les corps impressionnants des meilleurs athlètes de bras de fer, comme Levan Saginashvili, Artyom Morozov ou Ermes Gasparini, une question revient souvent : ces champions sont-ils dopés ? Leurs physiques imposants et leurs exploits semblent parfois défier les limites humaines. Mais le bras de fer, en tant que sport en pleine croissance, est-il vraiment touché par le dopage, et quelles sont les mesures mises en place pour l’empêcher ? Cet article explore en détail ces interrogations et les enjeux des contrôles antidopage dans ce milieu.

Le règlement antidopage dans les tournois de bras de fer

Dans les tournois amateurs organisés par des fédérations telles que la World Armwrestling Federation (WAF) et l’International Armwrestling Federation (IAF), des mesures antidopage strictes sont en place. Le règlement stipule clairement que chaque athlète doit se conformer aux contrôles antidopage, et la participation aux compétitions est conditionnée à leur respect.

Une liste détaillée de substances interdites est fournie, et aucune trace de ces produits ne doit être détectée lors des tests effectués sur les participants. En cas de résultat positif, l’athlète est automatiquement disqualifié et peut se voir imposer une suspension de plusieurs mois, voire plusieurs années. En cas de récidive, des sanctions plus sévères, incluant une interdiction à vie, peuvent être appliquées.

Toutefois, comme dans tous les sports, le risque existe qu’un athlète dopé échappe aux contrôles, malgré les dispositifs mis en place. C’est un défi permanent pour les fédérations, qui s’efforcent d’améliorer continuellement leurs procédures.

L’absence de règlement antidopage dans les supermatches professionnels

En revanche, dans des événements professionnels au format supermatch tels que East vs West ou King of the Table — où les stars du bras de fer s’affrontent lors des rencontres les plus médiatisées au monde — aucun protocole antidopage n’a été instauré à ce jour. Cela signifie qu’un athlète est libre de consommer des substances améliorant la performance (PEDs – Performance Enhancing Drugs) sans enfreindre les règles.

Il n’est donc pas surprenant, surtout dans la catégorie reine, que certains compétiteurs choisissent de prendre ces substances pour maximiser leurs performances et se mesurer à des adversaires qui en consomment, comme le champion du monde Levan Saginashvili, qui a publiquement évoqué dans une vidéo les produits qu’il utilise.

Récemment, Engin Terzi, le fondateur de East vs West, a reconnu qu’il serait inévitable d’instaurer des tests antidopage dans un futur proche, à la suite d’une polémique impliquant une athlète. Bien qu’aucune date ou procédure n’ait été fixée, l’introduction de contrôles antidopage pourrait bouleverser l’équilibre des forces dans ces événements.

L’absence de règles antidopage dans le bras de fer professionnel ne date pas d’hier. Des athlètes comme Richard Lupkes ou Denis Cyplenkov, bien connus pour avoir utilisé des substances dopantes, ont participé à des supermatches sans enfreindre les règlements en vigueur.

Richard Lupkes
Denis Cyplenkov

Les stéroïdes permettent-ils réellement de gagner ?

L’utilisation de substances dopantes, et notamment de stéroïdes, est souvent associée à un gain significatif de masse musculaire et, par conséquent, de poids. Cela peut entraîner un changement de catégorie, obligeant l’athlète à affronter des adversaires du même gabarit. Ainsi, pour les compétitions où les catégories sont limitées par le poids, l’avantage apporté par la prise de substances est souvent atténué. En effet, que l’athlète consomme ou non des produits dopants, il se retrouvera face à des concurrents de poids similaire.

Toutefois, prétendre qu’un athlète de 75 kg naturel aurait les mêmes chances qu’un athlète de 75 kg dopé serait inexact, car certaines substances peuvent également améliorer l’endurance, la récupération ou la résistance, offrant des avantages supplémentaires, bien que souvent moindres que ceux liés à une différence de poids.

L’exception notable réside dans la catégorie open weight, ou super heavyweight, où il n’y a aucune limite de poids. Dans cette catégorie, la taille et la masse deviennent des atouts majeurs, et l’athlète le plus massif — souvent celui qui consomme le plus de substances dopantes — est avantagé. Dans ces compétitions sans réglementation antidopage, la prise de stéroïdes devient une forme de surenchère, avec des athlètes prêts à prendre des risques pour leur santé afin d’augmenter leurs chances de succès.

Le problème dépasse alors le cadre du talent ou du dévouement à l’entraînement : il s’agit aussi de savoir qui est prêt à compromettre sa santé pour gagner. Si les sacrifices sont souvent nécessaires pour atteindre le plus haut niveau, mettre sa santé en danger pourrait être un prix trop élevé à payer. Une réflexion sur l’impact de ces pratiques sur l’éthique et l’intégrité du sport semble donc nécessaire.

Le point de vue des athlètes

John Brzenk

John Brzenk, considéré comme l’un des plus grands athlètes de bras de fer de tous les temps, s’est exprimé à plusieurs reprises sur la question du dopage tout au long de sa carrière. Il affirme être resté naturel jusqu’à ses 40 ans, âge auquel il a commencé à prendre de la testostérone pour contrer la perte de masse musculaire et les effets du vieillissement. En 2022, il a partagé son point de vue sur le sujet :

« Pour moi, ce n’est pas la solution miracle. Même si cela améliore tes performances de 2 ou 3 %, la force que tu gagnes ne te transformera pas en un athlète d’élite. Le bras de fer repose avant tout sur les ligaments, les tendons et la structure osseuse. De plus, il faut un engagement sur le long terme pour devenir un compétiteur de haut niveau. Oui, les PEDs peuvent t’aider à gagner de la masse musculaire, mais la plupart des gens qui en prennent ne sont pas si différents une fois qu’ils se retrouvent sur une table de bras de fer. »

Brzenk met ainsi en lumière que, bien que les substances améliorant la performance puissent offrir un avantage mineur, elles ne remplacent pas l’entraînement, la technique et la force intrinsèque nécessaire pour exceller dans ce sport.

À la question « Est-il possible de devenir champion en bras de fer sans prendre de stéroïdes ? », John Brzenk répond sans hésitation que cela est tout à fait envisageable, car c’est précisément ce qu’il a réussi à faire pendant 20 ans (il a par exemple battu Denis Cyplenkov en 2008 et en 2009). Selon lui, les catégories de poids jouent un rôle clé dans cette équation.

Brzenk conseille aux jeunes athlètes, en particulier ceux de moins de 40 ans, d’éviter le recours à ces produits. Il reconnaît toutefois que les choses peuvent changer avec l’âge, lorsque la perte de masse musculaire et d’autres effets du vieillissement commencent à se faire sentir.

Devon Larratt

Pour Devon Larratt, tant que le bras de fer ne bénéficiera pas d’une audience suffisante et que les ressources financières resteront limitées, il sera difficile de mettre en place des contrôles antidopage. Actuellement, l’absence de ces contrôles dans le milieu professionnel signifie que la prise de substances dopantes est tolérée. Selon lui, c’est à chaque athlète de décider jusqu’où il est prêt à aller pour atteindre le sommet. C’est une décision personnelle que chacun doit prendre en fonction de sa propre éthique. Dans l’état actuel de développement du sport, l’instauration d’un système antidopage n’est tout simplement pas réaliste.

Dans une vidéo publiée avant son match contre Levan Saginashvili à l’East vs West 12, lorsqu’on lui demande s’il consomme des substances dopantes, Larratt répond ouvertement : « Oui, beaucoup. » Approchant la cinquantaine et visant le titre de champion du monde dans la catégorie Super Heavyweight, où Levan est le numéro un incontesté, il est fort probable que Larratt ait eu recours à des produits pour améliorer ses performances et favoriser un gain de masse musculaire.

Suite à sa défaite contre Levan, Larratt a pris la décision de renoncer à la catégorie Super Heavyweight et de revenir à une catégorie de poids inférieure. Il est donc difficile de savoir quelle sera sa position à l’avenir concernant l’utilisation de ces substances.

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